Le discours du Président Reuven Rivlin aux funérailles des
victimes de l'attentat terroriste au supermarché casher à
Paris
Publié le 13/01/15, 13h16 / Israël Nouvelles de Ynet
Traduction libre
Chères familles, Yoav, Yohan, Philippe, François-Michel, ce
n’est pas ainsi que nous voulions vous accueillir en Israël.
Ce n’est pas la façon dont nous voulions que vous arriviez à
la Terre d'Israël, dont nous voulions vous voir revenir à la
maison, à l'État d'Israël et à Jérusalem, sa capitale. Nous  
vous voulions vivants, nous voulions pour vous  la vie.
À des moments comme ceux- là, je suis devant vous, le cœur
brisé, secoué et dans la douleur, et avec moi se tient une
nation entière.
Phillipe, vous vouliez faire des emplettes pour le sabbat, et
qu’y a-t-il de plus juif que de préparer ou de faire des
courses  un vendredi, pour le jour de sabbat.
«Mon père est un héros", pleurait Rafaël, votre fils. "Il a été
assassiné, tout simplement parce qu'il était Juif." Que
pouvons-nous dire à votre chère épouse Philippe? Que
pouvons-nous dire à vos trois jeunes enfants, pour lesquels la
réponse aux appels «Papa» sera le silence?
François-Michel, l'appartement que vous avez acheté ici en
Israël, était prêt pour votre arrivée. Vous vouliez tellement
faire votre alyia, vivre ici avec nous. Mais vous ne pourrez
jamais maintenant  apposer une mezzuzah sur le
chambranle de la porte de votre maison en Israël. "Qui est
l'homme, qui a construit une nouvelle maison et ne l’a pas
encore inaugurée? Qu'il s’en aille et retourne chez lui, de
peur qu'il ne meure dans la bataille, "comme il est écrit dans
la Torah. Mais la guerre est venue à vous, et la main de
l'assassin a tout détruit.
Yoav, vous étiez ici, il y a deux semaines à Jérusalem, pour
la première fois. Vous étiez au Mur des Lamentations, vous
avez été photographié enveloppé du drapeau israélien.
Aujourd'hui, vous êtes ici pour la deuxième, et la dernière
fois. Comme un héros juif,  un avec nous.
Yohan, vous auriez pu vous éloigner, vous échapper, vous
auriez pu courir - mais vous ne vous êtes pas rendu. Vous
avez combattu avec le meurtrier, pour sauver la vie d'un
garçon de trois ans. Vous avez réussi, mais l’avez payé avec
votre vie. A peine vingt ans, et déjà un héros.
Chères familles, peuple d'Israël. Philippe Braham, Yoav
Hattab, Yohan Cohen et François-Michel Saada, ont été
assassinés à la veille du Sabbat, dans un supermarché casher
à Paris, de sang-froid, parce qu'ils étaient juifs. Le meurtrier
s’est assuré d'être dans une boutique juive, et alors
seulement, il a perpétré  le massacre. C’était le mal pur,
venimeux, qui remue le pire des souvenirs. C’est la pure
haine des Juifs; odieuse, sombre et préméditée, qui vise à
frapper, partout où se trouve la vie juive. A Paris, à
Jérusalem, à Toulouse, et à Tel Aviv. A Bruxelles et à
Mumbai. Dans les rues et dans les synagogues. Dans les
écoles, et sur le marché local. Dans les gares et dans les
musées.
Comme beaucoup, j’ai regardé les millions qui ont défilé
dans les rues de France. C’était une manifestation de
solidarité profonde qui m'a réchauffé le cœur.  Alors que les
dernières semaines et les deniers mois ont prouvé que la
terreur ne discrimine pas entre le sang, nous ne pouvons pas
ne pas remarquer que ce terrorisme vise explicitement le
peuple juif. Ceux qui portent les  tzitzit, ceux qui portent la
kippa, ceux qui mangent de la nourriture cachère, qui prient
dans les synagogues, des  élèves de la Torah ».
Il serait dangereux de nier que nous parlons d'antisémitisme,
ancien ou nouveau. Indépendamment de ce que peuvent être
les motivations malades des terroristes, il est du devoir des
dirigeants de l'Europe d’agir, et de s’engager à raffermir des
mesures pour faire revenir un sentiment de sécurité et de
sureté pour les Juifs d'Europe; à Toulouse, à Paris, à
Bruxelles ou à Burgas.
Nous ne pouvons pas permettre  qu’en 2015, 70 années
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Juifs aient
peur de marcher dans les rues d'Europe avec la kippa et les  
tzitzit. Il ne peut pas être permis que nous devions voir aux
nouvelles  le vandalisme fréquent  de cimetières juifs, des
juifs  battus, des synagogues et des communautés attaquées.
Il n’est plus possible d'ignorer ou de rester ambiguë, ou
d'agir faiblement ou avec clémence contre l'incitation
antisémite enragée. L'ignorance et la violence ne
disparaitront pas tout simplement  d’elles-mêmes.
Mes frères et sœurs, membres de la communauté juive
française, nous avons été témoins au cours des dernières
années d’un renforcement et  d’un resserrement de la
connexion dynamique et forte entre la communauté juive de
France, et l'État et les citoyens d'Israël. Ce lien fort et étroit
trouve son expression dans les moments de joie et de
douleur, dans les bons moments comme dans les mauvais.
Nous étions ici ensemble, et avons accompagné  dans leur
dernier voyageMiriam Monsonego, le Rabbin Yonatan
Sandler et ses petits enfants  Gavriel et Ariyeh. Et l'été
dernier, le peuple d'Israël se tenait dans l’union, comme ils
mettaient  au repos Jordan Ben-Simon, un 'soldat seul' de
France. J’ai rencontré ses parents et ses sœurs. Des gens
spéciaux, une famille engagée dans un amour pour Israël, la
tradition juive, et un amour pour l'Etat d'Israël.
Dans ces moments difficiles, j’ai appris à quel point nous
sommes vraiment un peuple. Je comprends combien il est
important que nous restions ensemble, rapprochées,
indépendamment de la distance géographique. Et
aujourd'hui aussi, nous sommes frères, membres d'une
même famille, avec la tête baissée, avec des larmes de
tristesse. Un lien qui ne peut être démêlé par le temps ou la
distance. Un lien de l'esprit et le sang.
Beaucoup a été dit depuis les meurtres, sur la question de
l'immigration en Israël des Juifs français. Mes chers frères
et sœurs, les citoyens juifs de France, vous êtes les
bienvenus. Notre terre est votre terre, notre maison est votre
maison, et nous aspirons à vous voir vous installer en Sion.
Cependant, retourner à votre maison ancestrale ne doit pas
être nécessairement  a cause de la détresse, en désespoir de
cause, en raison de la destruction, ou dans les affres de la
terreur et de la peur. La terreur ne nous a jamais rabaissés,
et nous ne voulons pas que vous vous soumissiez à la terreur.
La terre d'Israël est la terre d'élection. Nous voulons que
vous choisissiez Israël, à cause d'un amour pour Israël.
Chères familles, à côté des tombes de vos proches, nous
promettons que nous continuerons à nous battre pour votre
droit de vivre en tant que Juifs - où que vous soyez. Nous
continuerons à nous battre pour votre droit d'ouvrir
fièrement les synagogues, d'éduquer vos enfants dans l'étude
de la Torah, d’un amour pour Israël, et de  la responsabilité
envers le monde qui les entoure
Le sang juif n’est pas sans valeur. Le sang humain n’est pas
sans valeur. La terre ne recouvrira pas le sang, rien ne
permet de guérir la douleur. Ici, au milieu des montagnes de
Jérusalem, sur le  Har HaMenuchot, nous portons a un
dernier repos nos frères qui sont venus de loin, nos frères,
fils de la France, mais aussi fils de Jérusalem. Que leurs
mémoires soient  bénies.


http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4614621,00.html
President Reuven Rivlin's speech at the funerals of victims of
terror attack at Paris kosher supermarket
Published:         01.13.15, 13:16 / Israel News  from         Ynet
Dear families, Yoav, Yohan, Philippe, Francois-Michel, this is not
how we wanted to welcome you to Israel. This is not how we
wanted you to arrive in the Land of Israel, this is not how we
wanted to see you come home, to the State of Israel, and to
Jerusalem, its capital. We wanted you alive, we wanted for you,
life.
At moments such as these, I stand before you, brokenhearted,
shaken and in pain, and with me stands an entire nation.
Phillipe, you wanted to shop for the Sabbath, and what is more
Jewish than preparing, shopping on a Friday, for the holy Sabbath
day.
“My father is a hero”, wept Rafael, your son. “He was murdered,
simply because he was a Jew.” What can we say to your dear wife
Philippe? What can we say to your three young children, whose
cries of ‘Daddy’ will be met with silence?
Francois-Michel, the apartment that you bought here in Israel,
was ready for your arrival. You so wanted to make aliyah, to live
here with us. But you will never now be able to affix a mezzuzah
upon the doorpost of your home in Israel. “What man is there,
who has built a new house and has not yet inaugurated it? Let him
go and return to his house, lest he die in battle,” as it is written in
the Torah. But for you, the war came to you, and the murderer’s
hand destroyed everything.
Yoav, you were here, just two weeks ago in Jerusalem, for the first
time. You stood at the Western Wall, you were photographed
wrapped in the Israeli flag. Today, you are here for the second,
and the final time. As a Jewish hero, at one with us.
Yohan, you could have got away, escaped, you could have run –
but you did not surrender. You fought with the murderer, to save
the life a three year old boy. You succeeded in that, but paid with
your life. Just twenty years old, and already a hero.
Dear families, people of Israel. Philippe Braham, Yoav Hattab,
Yohan Cohen and Francois-Michel Saada, were murdered on the
eve of the
Sabbath, in a kosher supermarket in Paris, in cold blood, because
they were Jewish. The murderer made sure to be in a Jewish shop,
and only then did he carry out the massacre. This was pure,
venomous evil, which stirs the very worst of memories. This is
sheer hatred of Jews; abhorrent, dark and premeditated, which
seeks to strike, wherever there is Jewish life. In Paris, in
Jerusalem, in Toulouse, and in Tel Aviv. In Brussels, and in
Mumbai. In the streets, and in the synagogues. In the schools, and
in the local market. In the train stations, and in the museums.
Like many, I watched the millions who marched in the streets of
France. It was a demonstration of deep solidarity which warmed
my heart. While the last weeks and months have proven, that
terror does not discriminate between blood, we cannot escape the
fact that this terrorism, explicitly targets the Jewish people. Those
wearing tzitzit, those wearing kippot, those eating kosher food,
praying in synagogues, ‘students of the Torah’.
It would be dangerous to deny that we are talking about anti-
Semitism, whether old or new. Regardless of what may be the sick
motives of terrorists, it is beholden upon the leaders of Europe to
act, and commit to firm measures to return a sense of security and
safety to the Jews of Europe; in Toulouse, in Paris, in Brussels, or
in Burgas.
We cannot allow it to be the case, that in the year 2015, seventy
years since the end of the Second World War, Jews are afraid to
walk in the streets of Europe with skullcaps and tzitzit. It cannot be
allowed, that we should see in the news, frequent vandalism of
Jewish cemeteries, of Jews being beaten, and of synagogues and
communities under attack. It is no longer possible to ignore or
remain ambiguous, or to act weakly or with leniency against the
rabid anti-Semitic incitement. Ignorance and violence will not
simply go away on their own.
My brothers and sisters, members of the French Jewish
community, we have in recent years witnessed a strengthening and
a tightening of the vibrant and strong connection between the
Jewish community of France, and the State and citizens of Israel.
This strong and close bond finds expression in times of joy and
grief, in good times and in bad.
We stood here together, and accompanied on their final journey,
Miriam Monsonego, Rabbi Yonatan Sandler, and his infant
children, Gavriel and Ariyeh. And just last summer, the people of
Israel stood as one, as they laid to rest Jordan Ben-Simon, a ‘lone
soldier’ from France. I met his parents, and his sisters. Special
people, a family committed to a love for Israel, Jewish tradition,
and a love for the State of Israel.
At these difficult times, I have learned how much we truly are one
people. I understand how important it is that we stay together,
close together, regardless of geographical distance. And today too,
we are brothers, members of one family, with heads bowed, with
tears of sorrow. A bond which cannot be unraveled by time or
distance. A bond of spirit and blood.
Much has been said since the murders, on the issue of the
immigration to Israel of French Jewry. My dear brothers and
sisters, Jewish citizens of France, you are welcome. Our land is
your land, our home is your home, and we yearn to see you settle
in Zion.



However, returning to your ancestral home need not be due to
distress, out of desperation, because of destruction, or in the throes
of terror and fear. Terror has never kept us down, and we do not
want terror to subdue you. The Land of Israel is the land of
choice. We want you to choose Israel, because of a love for Israel.
Dear families, aside the graves of your loved ones, we promise that
we will continue to fight for your right to live as Jews – wherever
you may be. We will continue to fight for your right to open up
proudly the synagogues, to educate your children in the study of
Torah, a love for Israel, and a responsibility to the world around
them.
Jewish blood is not worthless. Human blood is not worthless. The
earth will not cover the blood, nothing will cure the pain. Here,
between Jerusalem’s mountains, upon Har HaMenuchot, we lay
to rest our brothers who have come from afar, our brothers, sons
of France, but also sons of Jerusalem. May they be of blessed
memory.
Funerals of victims in Paris,
Speech by President Reuven Rivlin
Funérailles des victimes à l’HyperCacher,
le discours du Président Reuven Rivlin